Lorsque l'heure du départ a sonné

Comment nous y préparer ensemble? Réflexion...

Sujet très délicat et chargé en émotions.

Lorsque nous devons prendre la douloureuse décision de faire euthanasier notre cheval, des tas de questions se posent à nous : est-ce le moment ? Comment savoir si c’est le bon moment, est-ce trop trop tôt ? ou trop tard ? Pouvons-nous attendre encore un peu ou non ? Notre cheval est-il prêt?

Voir souffrir notre cheval nous fait souffrir aussi et il est extrêmement difficile de faire la part des choses entre la souffrance de notre propre cheval et la nôtre. Or l’une n’est pas l’autre.

Nous avons peur de mal faire, peur de voir notre cheval souffrir d’avantage mais la peur est mauvaise conseillère. Or pouvons-nous euthanasier un cheval, qui même s'il souffre physiquement, n'est pas encore prêt à partir,  car il lui faut peut-être encore quelques jours?

 

D’autre part, les chevaux auraient-ils un seuil de douleur plus élevé que le nôtre càd qu’ils pourraient résister plus longtemps que nous à la douleur ou avoir des capacités de résistance plus élevées que les nôtres? Nul ne le sait réellement.

 

La question est très délicate et complexe, il appartient à chacun de se faire sa propre opinion. Mais comme nous avons en main ce pouvoir de décision sur la vie ou la mort de notre animal, il est important d’y réfléchir.

 

Si le départ est in fine inévitable, la préparation, quant à elle est essentielle pour les chevaux, ainsi que pour tous les animaux qui vivent à nos côtés.

Il y a des gestes et des attentions qui peuvent changer la qualité du départ et permettre aux chevaux de se sentir accompagnés et soutenus dans cette phase de transition.

De manière concrète, je pense que nous pouvons demander à nos chevaux de nous montrer, de nous faire comprendre quand l’heure du départ a sonné. Et là c’est à nous de nous fier à notre intuition, à la petite voix qui se fait entendre. Nul mieux que vous et votre cheval pouvez savoir quand le moment est arrivé. Ce n’est pas le rôle du vétérinaire même si celui-ci peut s’avérer être un bon conseil. C’est notre responsabilité et notre devoir envers celui qui a partagé avec nous tant d’années et de moments de prendre cette décision, en âme et conscience.

 

Le moment du départ est un passage autrement dit un « pas – sage » qu’il faut soigner, préparer pour qu’il puisse se faire dans la plus grande harmonie possible tant pour nos chevaux que pour nous-mêmes.

 

Comment ?

 

- Honorer votre cheval pour tout ce qu’il vous a apporté le temps de sa vie,

- Exprimez-lui votre reconnaissance, la joie que vous avez eue à ses côtés,

- Remémorer éventuellement les moments qui ont été plus difficiles, dites-lui tout ce que vous avez appris grâce à lui, peut-être est-ce aussi le moment de faire un bilan ensemble. Son temps se termine mais le vôtre continue, avec tout ce qu’il vous a apporté.

- Dites-lui tout ce que vous gardez dans votre cœur, d’un doux regard dans le fond des yeux. Les chevaux ne parlent pas un langage articulé comme la parole mais ils comprennent bien plus que nous ne pouvons l’imaginer. Votre cheval comprendra l’hommage que vous lui rendez et pourra partir soulagé, en paix.

- Apportez-lui éventuellement une dernière offrande qui lui fera plaisir ( sous forme d’une petite gourmandise, carotte, …) plus pour le geste que pour ce qu’elle contient

 

Ainsi vous vous apprêterez à le laisser partir tout doucement. Et quand il sera parti, si vous le souhaitez, gardez de lui un bout de crinière que vous placerez dans un endroit ad hoc chez vous pour garder le lien et la mémoire de tout ce que votre cheval vous aura transmis.

 

Je me souviens avoir accompagné le départ d’une jument alezane il y a quelques années. Elle était âgée d’une trentaine d’années environ. Elle souffrait depuis de nombreuses semaines de diverses complications. Le temps était venu pour elle de s’en aller par un après-midi pluvieux du mois d’août.

 

Ce jour-là, j’ai passé toute l’après-midi assiste à ses côtés, en la caressant et en lui offrant une protection contre la pluie qui arrosait abondamment les prairies. Sandy ne pouvait plus beaucoup bouger, ne tenant plus vraiment sur son antérieur gauche. La propriétaire avait convenu que le vétérinaire vienne l’endormir pour l’euthanasier à 16h.

Aux environs de 15h40, la jument a rassemblé ses toutes dernières énergies pour se lever, tant bien que ma, d’un seul coup et elle est restée là à nos côtés, immobile, calme et stoïque, à attendre la venue du vétérinaire. Elle ne portait  pourtant pas de montre mais elle savait.

 

Elle a voulu se lever pour honorer sa propre mort.

Etre debout sur ses 4 jambes avant de s’en aller.

 

Le vétérinaire est arrivé vers 16h.

Sandy nous a fait confiance à nous tous en se laissant injecter la première dose qui endort.

Puis lorsque la seconde piqûre fît son effet, elle s’est effondrée sur le sol et ... à cet instant même, je l’ai vue galoper dans les prairies vertes sous un ciel bleuté. Peut-être était-ce mon imagination mais peu importe… j’ai vu son regard tranquille, son esprit s’était envolé comme un oiseau qui sort de sa cage pour retrouver sa liberté.

 

Sandy était une grande dame.

Elle nous a donné à tous une leçon de courage, de patience et d’humilité.

Elle a pu partir en paix et accompagnée de l’affection dont elle avait besoin.

 

Merci Sandy. Tu coures à jamais libre dans nos cœurs.

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Commentaires: 2
  • #1

    Marie Swinnen (mardi, 05 avril 2016 20:29)

    C'est très émouvant. Je redoutes le moment ou Betina, Moonlight et même Freeing partiront..

  • #2

    Anne (vendredi, 15 avril 2016 08:37)

    Pour moi, une partie de mon coeur s'en est allé... Et toujours ce doute... Ai je bien fait?
    À ma Tosca, partie le 23 octobre 2015, à 31 ans... Si soudainement... Je t'aime.

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