Comprendre la véritable source de stress chez le cheval
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Luna a six ans. Elle vient de quitter le pré où elle a grandi, entourée de sa mère, de ses compagnes, du vent dans sa crinière et de l’odeur de l’herbe dans les prés.
Aujourd'hui, elle se tient immobile dans un box de 3 mètres sur 4, les oreilles tombantes, le regard vide. Les chevaux réactifs – ceux qui intériorisent leur stress – peuvent sembler calmes et détendus alors qu'en réalité, ils sont en état de repli émotionnel.
Son propriétaire pense qu'elle s'adapte bien. Mais Luna, elle, ne dort plus correctement. Elle ne hennit plus. Elle se replie sur elle-même. Ce n'est pas de la docilité. C'est de la résignation. Et c'est cela, le cœur brisé d'un cheval destiné à une carrière sportive : un animal social, né pour bouger sans contrainte et vivre en troupeau, soudainement privé de tout ce qui donne sens à son existence.
Le stress chronique survient lorsqu'un cheval subit des défis ou des inconforts prolongés, pouvant provenir de facteurs physiques comme la douleur ou de facteurs environnementaux comme le confinement en box ou l'isolement.
Pour beaucoup de jeunes chevaux comme Luna, la transition vers la vie en box n'est pas un simple changement de décor : c'est un traumatisme silencieux.
Pour les animaux de troupeau comme les chevaux, l'isolement social constitue une source importante d'anxiété. Imaginez être arraché à votre famille sans explication, enfermé dans une pièce sans fenêtre, sans pouvoir toucher personne, sans pouvoir bouger librement. C'est exactement ce que vivent des milliers de chevaux chaque jour, au nom de la performance.
Des indicateurs comportementaux et physiologiques de stress ont été enregistrés lorsque les chevaux sont confinés dans une écurie et isolés de leurs compagnons. Les conséquences ne sont pas anodines : ulcères gastriques (présents chez 70 à 90% des chevaux de sport selon certaines études), stéréotypies, agressivité soudaine, dépression.
Le stress chronique est causé par des facteurs de stress à long terme tels que la restriction en box ou le cheval ressentant une douleur prolongée. Pourtant, ces signaux de détresse sont trop souvent ignorés ou minimisés. On dit que le cheval "s'habitue". Mais s'habituer, ce n'est pas accepter. C'est seulement survivre.
Apprendre à reconnaître la souffrance émotionnelle chez le cheval est un acte de responsabilité autant que d'amour. Les chevaux masquent souvent la douleur en raison de leur nature stoïque, ce qui rend difficile l'identification des signes subtils d'inconfort. Un cheval qui se tient au fond de son box, oreilles en arrière de manière asymétrique, regard terne, muscles faciaux tendus, n'exprime pas du calme ou de la sérénité – il exprime de la résignation.
Lorsque les chevaux sont confinés, isolés ou soumis à des routines monotones, ils perdent ce qui les motive profondément, ce qui les stimule, les met en vie, en joie… et cela peut conduire à des comportements stéréotypés comme le tic à l'appui ou le tic de l'ours.
Le manque d'appétit, un changement de comportement, un manque d'énergie, un comportement agressif soudain lors de manipulations pourtant habituelles: tous ces signaux parlent. Ils crient, même. Nous devons apprendre à les entendre.
Les indicateurs comportementaux incluent l'irritabilité, le retrait social, la réticence à bouger, une boiterie soudaine, un changement d'attitude… tandis que la douleur chronique peut réduire la mobilité et causer des complications. Parce que Luna, comme tant d'autres chevaux, mérite mieux qu'une vie où elle n'existe que pour notre plaisir. Elle mérite de vivre, pas seulement de survivre.
Sources:
https://www.bhs.org.uk/horse-care-and-welfare/behaviour/equine-stress/
https://www.horseworld.org.uk/welfare/horse-welfare-advice/recognising-pain-and-stress-in-horses/
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1558787817300151
https://madbarn.com/pain-assessment-for-horses/
https://www.clicktoconnection.com/post/the-7-emotional-systems-in-horses
Photo de Badreddine Farhi sur Unsplash


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